Apprendre avant de savoir : la révolution permanente au Burkina Faso !
Durant la présidence du capitaine Thomas Sankara (1983-1987), le Burkina Faso a fait le choix audacieux de l’autodétermination. De 1984 jusqu’à un an après son assassinat, c’est-à-dire en 1988, le pays des Hommes intègres a refusé toute « aide » étrangère, qu’elle provienne des puissances occidentales, France incluse évidemment, ou des institutions de Bretton Woods — Banque mondiale et FMI. Cette posture courageuse dénonçait les débuts latents des programmes d’ajustement structurel, jugés inadaptés aux réalités et aux aspirations révolutionnaires du peuple burkinabè.
En comptant uniquement sur ses propres forces et la solidarité de nations partageant la même vision révolutionnaire, le Burkina Faso a accompli des prouesses. Le secteur agricole, qui emploiyait à l’époque 82% de la population active, avait été considérablement dynamisé, passant d’une production de 1,1 milliard de tonnes avant 1983 à 1,6 milliard de tonnes en 1987 à la mort de Thomas Sankara. Cette avancée avait conduit un agronome de la faim à déclarer : « Sous Sankara, le Burkina Faso était pratiquement devenu alimentairement autosuffisant. »
Aujourd’hui, le capitaine Ibrahim Traoré marche dans les pas de cette vision historique et l’adapte aux défis contemporains. À travers un programme quinquennal audacieux et inclusif (j’y reviendrai), il ambitionne de relever le pays en intégrant toutes les dimensions socio-économiques, malgré le contexte difficile de guerre et de reconstruction. Cette démarche s’appuie sur une analyse lucide des succès passés et sur une compréhension profonde des réalités actuelles. En mai dernier déjà, ont été acquis au profit des producteurs d’importants lots de tracteurs, de semences et d’intrants pour renforcer la production alimentaire (photos). Ce sont au total 128 millions de dollars qui ont été mobilisés à cet effet pour ce secteur qui contribue à hauteur de 19% au PIB et emploie aujourd’hui environ 74% de la population active. L’autosuffisance alimentaire restant le défi majeur du jeune président !
Ces militaires sous la conduite du capitaine Ibrahim Traoré, loin d’être des néophytes, possèdent une claire conscience de leur trajectoire : ils savent d’où ils viennent, où ils sont et, surtout, où ils veulent conduire le Burkina Faso, avec le soutien indéfectible des masses populaires résilientes. La révolution, pour eux, n’est pas une idéologie du passé, mais une boussole pour construire un avenir souverain et prospère.
Le Burkina Faso, sous l’impulsion d’une vision pragmatique, rappelle au monde que l’autonomie et la résilience sont possibles, même dans les contextes les plus hostiles. Ceux qui doutent feraient bien d’apprendre avant de prétendre savoir, car l’histoire continue de s’écrire sous nos yeux
Abou Maco