Labé : le Musée du Foutah en ordre de bataille pour la numérisation des manuscrits en danger
Le Musée du Foutah vient de recevoir à Labé une importante mission de l’Université de Boston, aux Etats-Unis d’Amérique, pour la préservation du patrimoine culturel de la région, à travers la mise en œuvre du projet d’identification, de collecte et de numérisation des manuscrits anciens en danger, rapporte votre quotidien en ligne infosbruts.com basé en Moyenne Guinée.
Cette mission a commencé son travail par Conakry, d’abord au niveau du Ministère en charge de la Culture, ensuite à la Direction Nationale des Archives. Après, elle a fait le terrain pour rencontrer des détenteurs de ces manuscrits anciens dans la zone de Conakry.
A Labé, les partenaires venus de l’Université de Boston et la Direction Générale du Musée du Foutah sont allés saluer les autorités locales qui leur ont ouvert toutes les portes pour leur permettre de travailler.
Actuellement, il s’agit de pratiquer réellement avec les 15 agents culturels du Musée du Foutah qui sont inscrits.
« On procède à une formation pratique en essayant de les initier au travail de numérisation d’un document. Cette formation pratique a donc commencé depuis samedi, 8 juin 2024. L’objectif général, c’est de sauver le patrimoine en disparition. Même si nos parents ont beaucoup écrit, beaucoup de chose aussi sont perdus. Beaucoup de manuscrits sont gâtés. Certains mangés par des termites, d’autres détruits par les feux, les incendies ou encore par la mauvaise conservation. Cette mission de chercheurs de l’Université de Boston s’inscrit dans le cadre de la préservation de cet important patrimoine culturel qu’est le manuscrit » a expliqué la directrice générale du Musée du Foutah, Hadja Koumanthio Zéinab Diallo.
Après cette séance de formation à l’identification, à la classification et à la préservation des manuscrits, les agents culturels du Musée du Foutah seront déployés, pendant un an, sur le terrain pour rencontrer les détenteurs, les sensibiliser afin de récolter ces précieux documents, les préserver pour les générations futures, pour les chercheurs qui auront besoin de connaitre les écrits dans cette région à culture millénaire qu’est la région du Foutah Djallon.
Au bout de cette période de 12 mois, le Musée du Foutah est appelé à numériser près de 2000 documents. Mais, la directrice générale de cette institution culturelle de la Moyenne Guinée est bien consciente des difficultés qui pointent à l’horizon dans la mise en œuvre de ce projet, connaissant les mentalités des citoyens cibles. Elle a alors envisagé tout de suite des stratégies devant permettre de surmonter ces obstacles en vue d’atteindre l’objectif visé.
« Sur le terrain, les détenteurs de ces manuscrits ne sont pas tous très compréhensifs. C’est extrêmement important. Non seulement nous devons faire en sorte qu’ils aient confiance parce que la confiance doit être là. Que leurs manuscrits qu’ils ont su garder jusque-là vont avoir une nouvelle vie. C’est-à-dire que les manuscrits ne vont pas mourir avec cette nouvelle phase mais plutôt ils vont avoir une nouvelle vie. Et cette vie va continuer dans le British Library et l’Université de Boston. Ces deux grands espaces où les chercheurs du monde entier pullulent pour trouver des informations sur nous, sur notre région, sur notre pays. Les manuscrits qui vont donc être numérisés vont être préservés et censés d’être publiés pour le bien de la recherche mondiale. Ils ne vont plus être donc sujets à des incendies, à des vols, à des mauvais traitements mais ils sont sécurisés. Et cela doit aussi renforcer la confiance du détenteur d’un manuscrit. L’autre confiance est que le détenteur doit être identifié correctement. On doit savoir qui est qui ? Qui a conservé ? Qui a produit ? Qui est l’auteur ? etc…C’est toute une gamme de garanties pour permettre à celui-là même qui a produit de bénéficier de cet apport-là. La garantie est sûre. Elle est là et les animateurs sont formés d’ailleurs à çà aussi. C’est mettre en confiance le détenteur du manuscrit pour qu’il puisse le libérer sans problème. Et l’autre garantie est que s’il présente son manuscrit il ne va pas le perdre il retourne avec. Légalement, il sait qu’il a déposé quelque chose et ça doit servir à l’humanité » a-t-elle insisté.
C’est qui est surtout intéressant, c’est de savoir que les résultats de toute cette recherche vont être consignés à la Direction Nationale des Archives et aussi au sein du Musée du Foutah.
« Quelqu’un qui va cliquer sur un lien qui va être connu par tous pour faire une recherche sur le Foutah Djallon va évidement entrer dans une des bases de données. Ce sont les formateurs qui vont mieux expliquer comment ça va se passer. Mais ça va être connu de la base jusqu’au sommet. Il y aura une visibilité qui va nous permettre d’être heureux parce qu’avant on ne savait pas trop si nos devancier étaient bien connus ou enseignés. Qui sont-ils ? Sauf peut-être Thierno Samba Mombéya et quelques 2 ou 3. Mais, là-aussi ce n’était pas très évident. Vous-même vous avez vécu quelque chose il y a quelques années ici. Quelqu’un a voulu prendre la place de Thierno Samba Mombéya. Vous-même et moi, nous nous étions battus pour dire non. Oogirde Malal, c’est l’écrit de Thierno Samba Mombéya. Le présent travail va donc nous permettre vraiment d’entrer dans une phase de préservation et de mise en confiance de ces auteurs ou de leurs descendants qui sont là » a-t-elle ajouté.
Raison pour laquelle, Hadja Koumanthio Zéinab Diallo a mis à profit les colonnes de votre quotidien en ligne infosbruts.com basé en Moyenne Guinée pour lancer un appel à tous ceux qui sont des détenteurs de ces manuscrits de les faire numériser.
« Les animateurs du Musée vont parcourir les villages bientôt et je suis sûre qu’ils ne vont pas rencontrer des difficultés parce qu’on doit savoir que numériser un document, c’est le sauver, c’est le faire connaitre. On ne gagne rien en gardant le document de son grand-père sous le lit. Les chercheurs nous ont appris que dans ces grandes universités, eux ils se sont battus pour nous permettre d’entrer dans cette phase là. Ils ont été surtout motivés par le fait qu’ailleurs on croyait que les africains que nous sommes n’étaient pas capables d’écrire. Toute notre histoire est orale alors il y a eu vraiment des gens qui ont écrit » a-t-elle conclu.
Avec infosbruts.com