Economie : l’ex-Premier ministre Kabiné Komara parle des menaces qui pèsent sur la Guinée

Le rapport sur les perspectives économiques en Afrique subsaharienne publié en octobre dernier a été présenté hier samedi, à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, par le représentant résident du FMI en Guinée, Nérée Noumon, en présence des chefs des départements du pool économique, du ministre du Travail, son homologue de la Promotion féminine, de la Banque centrale, des hauts cadres de l’Etat, des acteurs économiques, du secteur privé, des partenaires techniques et financiers mais également d’éminentes personnalités. C’est le cas de l’ancien Premier ministre, Kabiné Komara, banquier, expert international et grand connaisseur de l’administration guinéenne. En marge de cette présentation, l’ancien Premier ministre, s’est prêté aux questions de la presse dont Guineematin.com, présent sur les lieux.
Pour Kabiné Komara, la présentation d’un tel rapport est une bonne chose aussi bien pour la sous-région et que pour la Guinée. Parlant de la Guinée, qui s’apprête à développer son programme Simandou 2040, dont il est l’un des membres influents, l’ancien PM appréhende des menaces et apporte des solutions pour éviter le syndrome minier et la loi du changement climatique, souvent désastreux pour les économies.
« C’était important que cet évènement se tienne à l’université Général Lansana Conté de Conakry pour associer les étudiants et les professeurs aux préoccupations du moment, aussi bien au niveau national qu’international. Le rapport est un écrit en éveil, une alerte à la prise de conscience qui nous interpelle et les mesures à prendre pour les surmonter. Chez nous ici, on est relativement mieux placé par rapport aux pays de la sous-région en terme de croissance, du niveau d’inflation, mais surtout en termes de perspectives. Dans ces perspectives, il y a des menaces. Il s’agit de la diversification économique. Il faut absolument que nous sortions du tout minier pour poursuivre les mesures que le gouvernement a envisagées, dans le cadre de l’agriculture, de l’industrie, de la pêche, des services, de la culture et du sport. L’industrie culturelle et le sport sont très importants et font entrer assez d’argent dans beaucoup de pays. Je suis heureux de savoir que ces mesures sont comprises. Deuxièmement, c’est la dimension sociale des réformes. Il faut absolument se soucier et associer les populations aux réformes pour qu’elles les comprennent et les soutiennent avant de les appliquer. Et troisièmement, c’est mettre les filets sociaux. A chaque fois que vous proposez des mesures impopulaires, des coupes, il faut faire accompagner par des dispositions compensatoires et discuter à l’avance. Et enfin, il faut penser à l’environnement et les changements climatiques. Nous sommes menacés, nous sommes déjà dedans. C’est une nouvelle dimension à laquelle la Guinée ne peut plus tourner le dos. Il faut protéger notre diversité et prendre des mesures résilientes à chaque fois que nous sommes victimes de ce phénomène », a fait savoir l’ancien Premier ministre.
Abordant la question liée au taux de croissance élevé observé en Guinée par rapport à la moyenne sous-régionale, Kabiné Komara, ne veut pas jouer à l’autosatisfaction :
« C’est une bonne nouvelle d’avoir un taux de croissance élevé. C’est un bon classement de la Guinée par rapport aux pays de la sous-région. Mais, ce n’est pas quelque chose à laquelle nous devons nous satisfaire et croiser les bras. Nous devons dire que nous allons dans la bonne direction mais que c’est sûr que nous pouvons faire mieux. Si nous gérons mieux, si nos recettes intérieures sont mobilisées, si la gouvernance économique et financière est bien mise en place, si les gens paient ce qu’ils doivent à l’Etat, si les gens s’acquittent de leurs factures d’électricité, cela va booster les investissements et améliorer facilement la croissance qui peut atteindre les deux chiffres », a fait savoir le banquier.
Abordant les questions liées aux performances économiques observées en Guinée et révélées par le rapport, Kabiné Komara salue les efforts du pool économique guinéen. Il demande toutefois aux cadres d’être plus ambitieux pour le développement du pays. Et rappelle qu’il n’y a pas de solution miraculeuse pour développer un pays. Il suffit juste d’observer les règles de la bonne gouvernance économique et financière :
« Je voudrais féliciter les ministres du pool économique et l’ensemble des cadres de leurs départements. Parce que, une chose est de préparer les statistiques, et une autre est de bien les expliquer et les faire appliquer. Car, quelqu’un qui prend des décisions sans les statistiques, c’est quelqu’un qui marche aveuglement. Donc, de bonnes statistiques présentées à des décideurs peuvent les éclairer afin de prendre de bonnes décisions. Je voulais donc les encourager, surtout qu’on est en train de préparer un nouveau programme avec le FMI. Si on le fait, croyez-moi, la Guinée pourra avoir la possibilité d’emprunter sur le marché international. Et en plus des mesures et les ressources actuelles, on pourra décupler nos capacités d’emprunt et faire face à beaucoup d’investissements ».
Abdallah Baldé pour Guineematin.com
Tél : 628 08 98 45

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