Agression du 22 novembre 1970: LA VÉRITÉ N’A PAS DE BROUILLON !

Le commandant Thierno Diallo et Siradjo Diallo se prennent en photo sur un bateau des agresseurs portugais aux larges des eaux territoriales guinéennes. Nous sommes le 22 novembre 1970 , les ennemis s’apprêtent à frapper le cœur de la capitale, Conakry. Cette invasion honteuse et lâche du Portugal sera mise lamentablement en déroute par le peuple militant et vaillant de Guinée suite à un appel à la résistance du président Sekou Touré .
Cette photo est une des nombreuses peuves qui bottent en touche l’argument mensonger selon lequel la révolution aurait organiser lui même cette agression en complicité avec le Portugal.
Devant cette contre-vérité, je réponds qu’on ne peut cacher la vérité grâce aux paumes de la main.
Selon le feu Pr. Sidiki Kobele KEITA, l’origine de la fable du « fils du Maire de Lisbonne» est de Dr.Dianè Charles, à son retour de son exil; elle a été reprise depuis par différents anciens prisonniers du camp Boiro qui nous ont livré leur témoignage, avec des variantes, sans prouver leur propre innocence.
Prenons deux exemples :
Croyant me faire une révélation capitale, Alsény René Gomez affirmait, dans le manuscrit qu’il m’avait envoyé pour lecture, que les Portugais étaient venus chercher le fils du maire de Lisbonne arrêté par le PAIGC. Mais ayant lu l’extrait de mon interview de 2006 dans le journal guinéen le Diplomate et relative au démenti du capitaine portugais Alpoim Calvao qui avait dirigé l’agression, il ne parle plus de fils du maire de Lisbonne arrêté par le PAIGC dans son livre paru chez l’Harmattan-Guinée en 2007, mais de « pilote d’un avion portugais,…fils d’une personnalité très en vue à Lisbonne ».
Or, le seul pilote portugais capturé par le PAIGC était Rebato, qui n’était le fils d’aucune personnalité portugaise ; il a été libéré après 7 ans de prison.
Un autre rescapé, Naby Moussa Touré dans son livre Mémoires d’un rescapé du goulag de Sékou Touré parle, lui « de capture du fils d’un industriel portugais ».
Qui dit la vérité ?
Le même Naby Moussa Touré, sans aucune preuve, ne serait-ce que la source de l’information soutient également que « l’agression portugaise fut une affaire hautement manigancée par Sékou Touré parmi les multiples complots à la sékoutouréenne. L’agression dont il avait été parfaitement informé ».
Voilà les sources d’information de certaines personnes et de leurs semblables qui se disent victimes de Sékou Touré et s’agitent soit à la radio soit à la Télévision, soit au cours de toutes rencontres.
Or, ceux qui veulent appréhender la vérité historique sur l’agression du 22 novembre 1970 ou sur tout complot doivent plutôt approfondir les recherches en comparant les différentes sources de renseignements et nous dire ce qui est vraisemblable ; le refus de le faire dénote tout simplement la mauvaise foi. Il est vrai que la seule vérité qu’ils acceptent est la leur. Et gare à celui qui ne les suit pas dans leur mensonge!
Car, aucun des vrais organisateurs de cette ignoble opération ne fait allusion à ces inepties:
Le Capitaine Alpoim Calvao n’en parle pas dans son ouvrage Mar verde publié en 1976, ni dans la longue interview qu’il m’avait accordée, à Bissau, le 10 août 2014, et que je publie dans mon ouvrage intitulé La Guinée de Sékou Touré. Pourquoi la prison du camp Boiro ? publié chez l’harmattan en 2014, PP 277-289; sa réponse immédiate m’avait montré un agacement quand j’insistai sur la question: « Non, ce n’est pas vrai ; c’est de l’imagination délirante »… « Je me trouvais avec les prisonniers portugais que nous avions libérés ; il n’y avait aucun fils d’un homme important parmi eux ».
Ces contre-vérités, qui ne sont que des tentatives de diversion face à l’évidence d’un fait historique indéniable, l’agression du 22 novembre 1970, ne se trouve même pas dans les archives privées du commandant Thierno Diallo ou de David Soumah qui les aurait signalées si c’était vrai.
Il est donc dangereux de ne lire que des livres, des articles ou interviews d’ancien prisonniers ou leurs conjoints ou enfants qui cherchent plus à se venger par l’écriture qu’à dire la vérité ou à prouver leur innocence ou celle de leurs conjoints ou parents .
Mais admettons même que ces fables soient réelles ou vraies, pourquoi, à l’époque, le Portugal discrédité, acculé, condamné par la communauté internationale et insulté à longueur de journée par les autorités guinéennes, n’a-t-il jamais fait état devant le Conseil de Sécurité du prétendu accord passé avec la Guinée dont on se gargarise toujours pour prouver la complicité d’Ahmed Sékou Touré ? L’instance suprême des Nations Unies n’avaient-elles pas fait sien le rapport de la commission d’enquête qu’elle avait dépêchée à Conakry ? N’a-t-elle pas fini par condamner le Portugal, suite à un débat public et contradictoire en son sein et la motion condamnant le Portugal a été adoptée par 11 pour et 4 abstention, les membres de l’OTAN?
Par ailleurs, les autorités guinéennes n’avaient pas, à l’époque, attendu l’agression du 22 novembre 70 pour dénoncer les Portugais et l‘opposition guinéenne, et il serait fastidieux de citer toutes les dénonciations préventives avant la première condamnation du Portugal par l’ONU le 22 décembre 1969 et après cette date.
Enfin, tout le monde sait que toutes les autres formes de liquidation du régime ayant échoué, il ne restait plus que l’agression militaire.
La vérité historique n’a pas brouillon !!!
Khalil Djafounouka KABA

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