Centrafrique : de nouvelles accusations de viols contre les soldats de la Minusca

En dépit des efforts affichés par la Minusca pour prévenir les abus sexuels perpétrés par ses soldats en Centrafrique, une nouvelle vague d’accusations fait surface. Selon une enquête conjointe menée par Le Monde et The New Humanitarian, des témoignages poignants révèlent que les violences sexuelles persistent dans plusieurs régions du pays, laissant des victimes dans le désespoir et l’isolement.

Des témoignages accablants

En 2015 déjà, la Minusca avait été secouée par des scandales d’exploitation et d’abus sexuels, suscitant l’indignation internationale. Si des mécanismes de prévention avaient été mis en place par la mission des Nations Unies, l’enquête démontre l’inefficacité de ces mesures. De nombreuses victimes continuent de subir en silence, redoutant des représailles ou ne sachant pas à qui s’adresser.

Parmi ces récits, celui de Jeanne, une femme agressée par un casque bleu rwandais en mai 2023, illustre la brutalité des actes commis. « Ils disent que les casques bleus sont là pour nous protéger, mais ils nous violent », confie-t-elle. Comme la plupart des victimes, elle n’a pas porté plainte, paralysée par la peur et la méfiance envers les institutions en place.

Les efforts de la Minusca remis en question

La Minusca affirme avoir mis en place plusieurs mesures pour prévenir les abus, notamment des numéros gratuits et des campagnes de sensibilisation. Cependant, l’enquête souligne que ces initiatives restent largement méconnues des victimes et des ONG locales, particulièrement dans les zones les plus reculées du pays. Cette absence de communication, couplée à l’inefficacité des mécanismes de signalement, empêche toute amélioration concrète sur le terrain.

Une impunité persistante

Depuis 2015, sur les 730 soldats accusés d’abus sexuels, très peu ont été sanctionnés. Si certaines initiatives de la Minusca ont permis à des victimes de retrouver une forme d’autonomie financière, ces actions semblent largement insuffisantes face à l’ampleur des violences. Le manque de sanctions concrètes contre les agresseurs renforce une culture d’impunité, qui pousse les victimes à se taire.

L’ONG Omica, dirigée par Malick Karomschi, dénonce une situation toujours aussi préoccupante : « Les cas de sévices sont constants, même à Bangui », affirme-t-il. Les femmes victimes de ces violences sont abandonnées à leur sort, sans soutien ni justice.

La situation en Centrafrique appelle à une action urgente pour briser ce cycle de violences et d’impunité. Des efforts concrets doivent être entrepris pour renforcer les mécanismes de signalement, protéger les victimes, et surtout sanctionner les responsables de ces crimes, afin de restaurer la confiance dans les missions de maintien de la paix.

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