Paul Biya, Tshisekedi-Macron, Algérie-Brics, meurtres à la Fesci, Zlecaf : les 5 infos qu’il ne fallait pas rater

Rumeurs et spéculations. Depuis près d’un mois, les rumeurs concernant l’état de santé de Paul Biya enflamment les réseaux sociaux et la classe politique camerounaise. La raison ? Le chef de l’État a annulé sa venue à trois événements auxquels il avait prévu de se rendre : l’Assemblée générale des Nations unies, le sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et un rassemblement sur le développement durable en Allemagne. À Paris, des membres de la diaspora ont organisé une manifestation, le 6 octobre, devant l’hôpital militaire Percy de Clamart, où une rumeur affirmait que Paul Biya avait été placé en coma artificiel.

Sortie du silence. Alors qu’une partie de l’opposition camerounaise réclame désormais que soit constatée la « vacance du pouvoir », les services de la présidence et le gouvernement n’ont brisé le silence que le 8 octobre. Le porte-parole du gouvernement a apporté un démenti formel à ce qu’il qualifie de « rumeurs relev[ant] du fantasme et de la pure imagination de leurs auteurs ». Quant à Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil de Paul Biya, il a dénoncé les « personnes malveillantes [qui] ont entrepris de faire croire que le président serait gravement malade, voire passé de vie à trépas », ajoutant vouloir « rassurer tous nos compatriotes sur l’excellent état de santé du chef de l’État ».

Retour au silence. Jeudi 10 octobre, dans un surprenant retournement de stratégie de communication, le ministère de l’Administration territoriale a décrété l’« interdiction » de tout débat sur l’état de santé du président. Et ce, précisait le communiqué signé de la main du ministre, Paul Atanga Nji, « en semaine ou les week-ends » (sic). Désormais, l’omerta s’imposera-t-elle donc ? En attendant d’en savoir plus, tandis que la sphère politique camerounaise est perdue en conjectures, les marchés, eux, montrent des signes de fébrilité face aux risques d’instabilité.

2 – Sommet de l’OIF : Tshisekedi se fâche, Kagame s’impose

Un (faux) bon départ ? Une sourde bataille diplomatique s’est jouée entre Kinshasa et Kigali, en marge du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui s’est tenu à Villers-Cotterêts et Paris, les 4 et 5 octobre. Le sommet avait pourtant, en apparence, démarré sous les meilleurs auspices, si l’on considère l’état des relations actuelles entre la RDC et le Rwanda. Pour preuve, la poignée de main entre Louise Mushikiwabo, ex-ministre rwandaise des Affaires étrangères aujourd’hui secrétaire générale de l’OIF, et le président congolais Félix Tshisekedi.

Attentes congolaises. Avant cette image très symbolique, Félix Tshisekedi avait échangé pendant plus d’une heure avec son homologue français et évoqué le soutien de Kigali au M23, qui sévit dans l’est de la RDC. Emmanuel Macron avait alors « condamné le Rwanda », selon un proche de la présidence congolaise, ajoutant que Kinshasa réclamait au président français de « prendre des sanctions » à l’encontre de Kigali, rapportent Romain Chanson et Jeanne Le Bihan, qui ont couvert l’événement pour Jeune Afrique.

Faux pas diplomatique. Sauf que, quelques heures plus tard, lors de son discours d’ouverture, Emmanuel Macron lance un vibrant appel à « une diplomatie qui défend la souveraineté [et] l’intégrité territoriale », avant de citer les conflits qui font rage sur la planète. Tous, sauf un : la RDC. C’est l’incident diplomatique. Colère de Félix Tshisekedi, qui écourte sa présence au sommet et boycotte le huis clos des chefs d’État. Kinshasa juge qu’Emmanuel Macron a voulu contenter Paul Kagame, au détriment de la RDC.

3 – Pourquoi l’Algérie renonce aux Brics mais pas à sa banque

Non aux Brics. Abdelmadjid Tebboune ne veut pas qu’Alger intègre « un groupe dans lequel elle n’est pas désirée ». Ce groupe, ce sont les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Argentine, Égypte, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Éthiopie et Iran). L’Algérie a en effet frappé à leur porte, sans grand succès jusqu’à présent : en juin 2023, sa candidature a officiellement été rejetée – pour le moment. Une décision considérée comme une humiliation par Alger, qui a donc décidé de purement et simplement cesser de tenter d’intégrer l’organisation.

Oui à la NDB. Visiblement fâché, le président algérien juge désormais que la page de l’entrée de son pays au sein des Brics est « tournée ». Mais il n’a pas pour autant remis en cause l’adhésion de l’Algérie à la Nouvelle banque de développement des Brics (NDB), en août. « Abdelmadjid Tebboune essaie de masquer l’échec de l’adhésion aux Brics par un fauteuil à la NDB. Mais se contenter de ce siège est incohérent et politiquement moins prestigieux », analyse un économiste algérien, dans le décryptage que signe pour Jeune Afrique Maher Hajbi sur cet étrange positionnement.

4 – Meurtres à la Fesci : le puissant syndicat étudiant vit-il ses dernières heures ?

« Général sorcier ». C’est une affaire des plus obscures qui secoue la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). Dans la nuit du 29 au 30 septembre, le corps de Mars Aubin Deagoué, alias Général Sorcier, a été déposé au CHU de Cocody. Un meurtre qui, pour la justice, serait en lien avec le puissant syndicat étudiant : le jeune homme, en master, était en « conflit perpétuel » avec le secrétaire général de la Fesci, Sié Kambou. L’affaire fait d’autant plus de bruit qu’un mois auparavant, le 29 août, un autre étudiant membre du syndicat, Diomandé Khalifa, est mort après avoir été passé à tabac. La justice a ouvert deux procédures judiciaires. Et Sié Kambou a été placé en détention provisoire.

Cocktails molotov et grenades. Les autorités ivoiriennes ont lancé plusieurs opérations dans les campus, visant notamment à « libérer » des logements étudiants, dont une partie est gérée directement par la Fesci, qui attribue les chambres et perçoit les loyers. Selon nos informations, rien qu’à Abidjan, 432 chambres ont été vidées, 18 constructions illégales détruites et 54 cuisines transformées en chambres libérées. Et les policiers ont découvert parfois de véritables arsenaux de guérilla. Machettes et autres lance-pierres, mais aussi des cocktails motolov et, même, deux grenades offensives.

Dissolution. Faut-il ou non dissoudre la très puissante organisation estudiantine ? La question agite les débats en Côte d’Ivoire. La Fesci, extrêmement puissante, fut notamment l’un des bras armés de Laurent Gbagbo pendant la crise politico-militaire. En 1990, Alassane Ouattara, alors Premier ministre, avait pris la décision de dissoudre la Fesci. Mais cela n’avait eu pour conséquence que de renforcer l’organisation, lui permettant de s’aguerrir dans la clandestinité, rappelle Florence Richard, dans le récit qu’elle livre pour Jeune Afrique de cet épineux dossier. « La question de sa dissolution est discutée avec, de l’avis de la majorité d’entre nous, l’idée qu’il faut se diriger vers cela en prenant en compte le ras-le-bol des populations », a confié une source gouvernementale.

5 – La Zlecaf à pile ou face – notre série sur les défis

Analyse. Cette semaine, Jeune Afrique vous a proposé une série en trois épisodes qui fait le point sur l’un des chantiers les plus structurants lancés par l’Union africaine : la mise en place effective de la Zone de libre-échange africaine continentale (Zlecaf), lancée officiellement en 2018. Dans le premier épisode, Kanika Saigal, journaliste à The Africa Report, analyse les défis face auxquels la Zlecaf est confrontée. Car si, « d’un point de vue historique, la Zone de libre-échange continentale en Afrique progresse plus rapidement que toute autre zone de libre-échange avant elle », souligne Carlos Lopes, membre du conseil consultatif de la Zlecaf, les défis, internes et externes, restent nombreux.

Portrait. Il est le visage de la « plus grande zone de libre-échange au monde ». Le Sud-Africain Wamkele Mene, secrétaire général de la Zlecaf, a fort à faire pour convaincre du bien fondé de sa stratégie et lever tous les obstacles pour faire du « rêve » de la Zlecaf une réalité. Dans le deuxième épisode de notre série, Thaïs Brouck et Manon Laplace dresse le portrait de ce juriste de formation de 44 ans, ancien avocat à Wall Street, qui a notamment travaillé pour l’Organisation mondiale du commerce et le ministère sud-africain du Commerce et de l’Industrie.

Infographie. Où en est, concrètement, la Zlecaf ? Dans le troisième épisode, Thaïs Brouck et Marie Toulemonde font l’état des lieux des avancées enregistrées, notamment sur le front de la ratification par l’écrasante majorité des pays du continent de l’accord signé en mars 2018 à Kigali. Le potentiel est gigantesque : l’objectif est d’atteindre une augmentation du PIB africain de 450 milliards de dollars d’ici à 2025, ce qui devrait permettre de sortir de l’extrême pauvreté pas moins de 30 millions de personnes. Mais les défis le sont tout autant : de l’absence – coûteuse – de monnaie commune au déficit d’infrastructures, en passant par les craintes de « dumping » intra-africain.

Source: Jeune afrique

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