Un président dans la pénombre face à un Premier ministre très envahissant (Par Marouane Camara)
Le couple présidentiel Sénégalais pourrait, très prochainement, connaître une cohabitation glaciale. Pour cause, le PM Ousmane Sonko qui croit être investi d’un droit naturel de suprématie, se voit plus légitime à occuper l’unique fauteuil présidentiel que le chef d’Etat, lui-même, qu’il considère par défaut et en panne de charisme et de leadership à remplir avec élégance le siège qui lui est attribué par un coup du hasard.
Bachir Diomaye Faye qui peine encore à imprimer sa marque et asseoir sa légitimité, en jouissant pleinement des avantages que lui confèrent la fonction d’Etat qu’il exerce désormais, en partage avec son faiseur qui agresse de plus en plus le territoire réservé exclusivement au seul élu du peuple sénégalais. Le président Faye est contraint de disputer avec son chef du Gouvernement son propre territoire de compétence et, est même, dès fois obligé de se mettre dans la pénombre pour Ousmane Sonko, son PM, qui veut prouver à tous qu’il est celui qui a fait Diomaye et que ce mandat en cours est forcément celui de son parti qu’il a arrosé de sa sueur et son sang qu’il ne pourra céder à personne.
Le risque d’un divorce brutal, d’une rupture fracassante n’est pas loin. En lieu et place d’un couple présidentiel ou du duo gagnant on risque d’avoir un exécutif à deux têtes avec un dualisme féroce et sans précédent né d’une rivalité et du manque d’un sens d’Etat, tous d’ailleurs néophytes et qui découvrent, contre toute attente, les exigences du pouvoir et les contraintes des fonctions qu’ils ont titillé de loin et apostrophé sans retenue.
Après un séjour, très remarqué et alambiqué au sommet de l’État, le bilan des 100 jours va sonner et les Sénégalais se poseront de légitimes questions sur le fonctionnement de l’État et la nature des rapports des hommes qui animent les institutions.
Aujourd’hui, de loin, on constate une amère cacophonie, un désagréable fonctionnement et une regrettable cohabitation entre deux hommes qui ont réussi leur ascension dans la diabolisation et le discours de la haine proférés à l’encontre de l’ancien système aux ressources humaines plus solides et à la culture d’Etat plus rassurante avec longue maîtrise des rouages du pouvoir et ses nombreuses subtilités.
Un Premier ministre qui a une haute estime de sa personne se perd dans ses prérogatives. Une situation qui intrigue et interroge les vraies motivations de celui-ci.
Difficile de circonscrire Ousmane Sonko au seul rôle de Chef du Gouvernement. Tantôt on le confond à un chef protocole tantôt on souffre de le distinguer à l’aide de camp de Diomaye Faye.