Tribune – Réforme Constitutionnelle en Guinée : Et si la Solution se trouvait dans le Fédéralisme? (Par Zeinab Camara).
En ces moments cruciaux où la Guinée envisage une profonde refonte de sa Constitution, nous nous trouvons à un carrefour historique qui interpelle chacun d’entre nous : citoyens dévoués, dirigeants politiques, acteurs socio-économiques. En ma qualité d’ancienne législatrice, je ressens avec acuité le devoir de contribuer activement à l’édification d’une solution durable pour notre patrie. A l’aube des Débats d’Orientation Constitutionnelle sous l’égide du Conseil National de Transition, j’ai jugé utile d’apporter une contribution constructive aux débats, car le moment est une occasion inédite de réformer notre contrat social afin qu’il incarne fidèlement les aspirations profondes de notre peuple.
En effet, cette période de notre histoire commune nous interpelle tous. Les interrogations qui me tourmentent constamment – comment transcender l’impasse socio-politique guinéenne ? Comment arracher nos compatriotes de la pauvreté endémique qui sévit dans nos villages ? Comment instaurer une équité universelle et hisser la Guinée à un rang de fierté sur la scène internationale ? – résonnent aussi, douloureusement, dans le cœur de chaque Guinéen. Il est manifeste que chaque génération se trouve confrontée aux mêmes maux, exacerbés par une malveillance croissante, l’absence de repères pour la jeunesse, le manque de modèles inspirants, et une désagrégation alarmante de la cohésion sociale.
Cette réalité sombre est aggravée par un système de gouvernance où le pouvoir est perçu comme le seul moyen d’accéder à la justice et aux opportunités, nourrissant ainsi une compétition destructrice pour l’ascension sociale. Quelle que soit l’idéologie adoptée – socialiste, libérale, ou social-démocrate – chaque régime a été marqué par une centralisation du pouvoir autour d’une figure dominante et de son cercle restreint. Ce présidentialisme omniprésent et omnipotent a systématiquement ralenti notre progression et alimenté la stagnation politique et sociale ; tant que ce modèle perdurera, les afflictions de notre société ne feront que s’intensifier, même sous la houlette du plus éminent des leaders.
L’élite intellectuelle, autrefois pilier de la pensée et du débat constructif, se retrouve souvent intimidée par la peur d’être vilipendée par un tribunal populaire, ou sacrifiée comme bouc émissaire. Ce retrait a appauvri notre sphère politique et notre gestion nationale, facilitant l’élaboration de politiques publiques inefficaces, la dégradation de l’éducation et des services sociaux de base, et a quasi effacé notre présence dans les arènes de décisions internationales. Elle doit désormais reprendre son rôle prépondérant en répondant à l’appel impérieux et aux cris du cœur de nos compatriotes.
Les échos de violence résonnent dans nos rues et nos demeures sous diverses formes, tandis qu’un déficit de confiance profondément enraciné sape notre capacité à collaborer. Cette méfiance, manifestée par une préférence exacerbée pour l’étranger au détriment de nos propres citoyens, perpétue une société où, si l’initiative personnelle n’est pas la mienne, elle doit périr ; ceux qui tentent de s’élever sont impitoyablement réprimés.